Isotopia-1

Isotopia est une île boréale restée secrète jusqu’à sa découverte le 13 janvier 2015 au campus de Villeneuve d’Asc. Stéfane Perraud et Aram Kebabdjian en ont décrit et représenté les particularités dans un chassé croisé d’images, d’installations et de textes. Ce lieu fictif, à la fois décharge à ciel ouvert et laboratoire scientifique, est né d’une relecture littérale de la table des isotopes, traversée du nord au sud par une « vallée de la stabilité », telle qu’on la découvre dans les manuels de chimie.

Sortie des eaux pour servir de cadre et de support aux recherches de Stéfane Perraud autour de l’inabordable énergie nucléaire, Isotopia est autant le sujet de l’exposition que son résultat. Entre science et art, récit mythique, alchimie et géographie, l’ensemble s’attache à déconstruire les frontières, à la recherche d’une image intermédiaire qui hante l’exposition, sans se laisser voir nulle part. Car tout dans le parcours est fait pour troubler le regard – de l’« Oculus », qui superpose aux vues d’Isotopia des taches noires, là où l’œil se pose (grâce à un système d’eye tracking), au ballet spectral du « Bleu Gorgone », qui fend la matière phosphorescente d’un aquarium pour en révéler les fragilités. Comme sous hypnose, le spectateur découvre graduellement ce que serait le bleu d’un réacteur ou le foyer d’une centrale nucléaire – aussi difficiles à voir pour le commun des mortels que les yeux de la méduse.

Aram Kebabjian

Co-production : Digitalarti (directrice de production : Julie Miguirditchian), Espace Culture, Université de Lille, Sciences et technologies et La Gare numérique